ne m'abandonnes pas (rose)

Rose est là. Toujours dans sa tête. Dans chaque pensée. Aussi bien parce qu'il se trouve être raide dingue d'elle, que parce que leur nouveau lien l'oblige à être parfois dans sa tête. Elle est toujours présente. Et même lorsqu'il rêve.

Son corps est raide lorsqu'il s'éveille. Un coup d’œil à son réveil lui confirme qu'il n'a pas encore dormi à son aise, et que c'est donc étrange qu'il puisse déjà être debout. Puis, il se rappelle ce qui n'a pas manqué de le sortir du sommeil. Un cri. Et un nouveau retenti. Un cri qui se trouve être guère très loin de sa chambre. Ce qui ne le rassure pas. Assis sur son matelas, il n'arrive pas à se décider. La sécurité – et aussi un peu son manque de courage – lui souffle que vaudrait mieux pour lui qu'il reste là. Mais en même temps, autour de lui, du côté royal, il n'existe que très peu de chambre. Dont celle de Lissa. Peut-être est-ce elle, qui a un problème. Pour toute autre personne, il n'aurait pas fait ce geste là, mais pour elle, il décide de prendre son courage à deux mains, met pied à terre, et en silence, s'extirpe de sa chambre pour rejoindre celle de la nouvelle reine depuis quelques semaines. Il ne règne pas un son. Peut-être a-t-il rêvé ? Ou les autres n'ont peut-être pas entendu ce cri ? Étrange quand même. Il avance à tâtons. Des petits pas. Il arrive à l'angle du couloir, et de sa place, il réussi à voir la porte entrouverte de la chambre de Lissa. Aucun gardien n'est posté. Ce qui attire son attention. Dans la norme des choses, sa gardienne rapprochait se trouve avec elle, dans sa chambre. Mais au minimum un, voir deux gardiens montent la garde sur le pas de la porte. Pour avertir. Et en cas de danger. Alors que la porte puisse être ainsi à découvert, c'est étrange. Et Adrian n'aime pas ça. Il s'approche, plus en douce encore. Il faut qu'il comprenne ce qu'il se passe, alors même que sa seule et unique envie est de faire demi tour et d'aller s'enfermer dans sa chambre. Il s'approche encore, et dans sa tête, il entend cette musique qui arrive toujours à ce moment là dans les films d'horreur. Et qui n'annonce rien de bon pour lui. Enfin, il met un pied dans la chambre de la blonde. Rien en apparence, mais lorsqu'il s'avance un peu plus, il découvre son corps, allongé au sol, deux marques de crocs dans le coup. Il n'a pas besoin de s'approcher pour savoir que Lissa est morte, l'absence de vie dans ses yeux en atteste. Il devrait faire demi tour, alerter le reste des gardiens, trouver quelqu'un. Mais y'a comme un mauvais pré-sentiment, qui le pousse à poursuivre son chemin. Il trouve le corps d'un gardien au sol, un peu plus loin, alors qu'il explore. Il n'a pas l'impression de le connaître, juste l'avoir vu une ou deux fois, au côté de Lissa lors des représentations formels. Il pousse son exploration jusqu'à la salle de bain. La porte est fermé. Mais ça ne le pousse pas à faire demi tour. Il tourne la poignée, pousse la porte, qui bute contre un troisième corps. Il n’aperçoit que les chevilles, mais déjà le sang ne fait qu'un tour dans son corps. Et lorsque, grâce à un pas de plus dans la pièce, il découvre le visage de la personne..

Il se réveille, en sueur, le cœur battant, prêt à exploser. D'habitude, c'est lui qui hante les rêves des autres. Mais malgré ça, il n'a jamais vécu un rêve aussi réel que celui-ci. Il aurait presque envie de se lever pour aller vérifier que Lissa va bien, mais son corps n'est pas remis. Déjà, ses jambes tremblent encore dans son lit. Alors, c'était clair qu'elles ne réussiraient pas à supporter son poids. Il revoit cette dernière image défiler sous ses yeux. Le corps de Rose, l'absence de vie dans son regard, et la trace d'une lame sous sa gorge. Ce n'est que lorsqu'une larme s'écrase sur sa couverture, qu'il se rend compte que son cauchemar – car il ne s'agit là en rien de rêve – l'a secoue plus qu'il ne se l'était imaginé au premier abord. Et il reste là, dans son lit, animé de tremblement, incapable d'effacer cette image, où la femme qu'il aime s'avérait morte.

Souffle saccadé, respiration haletante, Adrian n'arrive pas à se remettre de son mauvais rêve. Il n'arrive pas à encaisser cette dernière image. Il devrait se formaliser du reste. Rose n'était pas l'unique personne étendu là. Lissa  faisait aussi partie des victimes. Mais, Adrian avait beau se concentrer là-dessus, cela n'avait aucun effet. C'était cruel, mais le destin funeste de Lissa dans son cauchemar, le laisser de marbre, seul celui de Rose l'importait véritable. Son cœur était encore irrégulier, comme si, au fond de lui, il n'était pas sorti de ce cauchemar, comme s'il craignait qu'il puisse être véritable. Il avait beau savoir que la chambre de la reine était pire qu'une forteresse, et donc infranchissable. Ca ne l'aidait pas à se rassurer. D'une certaine manière, Tasha s'était débrouillé pour arriver jusqu'à sa tante, et l'assassiner. Qu'est-ce qui empêcherait quelqu'un de recommencer ? Adrian n'avait pas l'idée tranquille. Ce n'était pas son premier cauchemar. Alors pourquoi, cette fois-ci, c'était différent. Parce que ça avait été réel. Ca l'avait blessé comme si ça l'était du moins, bien que cela reste fictif. Son cœur souffrait d'avoir vu la dhampir ainsi, morte. C'était une vision qu'il n'avait plus envie de connaître. Jamais plus.

Couverture remontait sur ses épaules, il tente de se calmer, et en même temps de se réchauffer. Parce que oui, à présent bien réveillé, il se rend compte qu'il est gelé. Et pour cause, son corps tremble autant de terreur, que de froid. Lui qui a connu beaucoup de chose dans sa vie, venait de vivre la pire expérience de sa vie. Et il n'était pas prêt de retrouver le sommeil. C'était un risque qu'il n'escomptait pas prendre avant un sacré paquet d'heure. Avant que cette affreuse image est quittée sa tête. De nouvelles larmes viennent remplacer les précédentes, sèche sur ses joues. Sa faiblesse pourrait être méprisable, mais sur le coup, il s'en fiche pas mal. Une seconde, il réfléchit à aller se vider la tête sous une bonne douche brûlante. Et malgré ses jambes flageolantes, c'est sans doute l'unique façon de sortir de cette transe dans laquelle il est rentré à son réveil. Mais avant d'avoir fait le moindre mouvement, la porte s'ouvre à la volée. Et bien que, même dans le noir, il réussisse à reconnaître la silhouette de Rose, son parfum l'avait déjà averti que c'était elle. Il le reconnaîtrait entre mile. Elle s'installe à ses côtés, et malgré sa conscience qui lui dicte de ne pas craquer, que ce n'est qu'illusoire, que dès que ça ira mieux, elle risque se réfugier elle-même dans les bras de son dhampir, il ne s'empêche pas de se laisser aller dans ses bras, de se laisser bercer au son de sa voix, de reprendre pied, grâce à elle, grâce à sa présence. Par flash, la scène de son cauchemar réapparaît, et continue de le hanter, mais avec sa présence, cela s'apaise peu à peu. « Je crois que j'ai besoin d'une bonne douche chaude. » Il murmure, dans son cou, calmé en partie par la caresse de ces doigts sur sa propre nuque. L'odeur de sa peau, contre lui, l'entraîne un peu plus dans la réalité. « Viens avec moi. » L'idée a beau être très mauvaise, elle fait route dans sa tête. Il ne sera pas rassurer, tant qu'il ne pourra pas sentir sa peau sous ses doigts. Aucune pensée déplacée là dessous. Juste le besoin de la sentir un peu plus contre lui. « S'il te plaît. Juste cette fois. » Articuler ses mots lui font mal. Il n'a pas envie que ça puisse être que pour cette fois. Mais, il est prêt à l'accepter, si c'est ce qu'elle souhaite. Comme il ne la forcera pas, si elle fini par décliner son invitation. Avec l'espoir qu'elle ne le fasse pas. « C'était tellement réel. J'ai cru.. J'ai cru.. » Sa voix se brise, incapable d'achever cette phrase. Morte. Il pensait qu'il ne la reverrait plus jamais. Comment était-ce possible de faire endurer quelque chose de si cruel, même dans un rêve ?

Son corps tremble, insensible à la présence de la brune. C'est la preuve que cette mésaventure n'est rien d'autre que cauchemar. Mais sa présence, qui aurait dû agir comme un baume sur lui, n'atténue pas sa douleur. Ca ne lui ressemble pas, de faire  de tel cauchemar, et c'est bien pour cette raison que cela remue le jeune moroï à ce niveau. L'expérience s'est avéré des plus désagréables. Et pourtant, il s'était retrouvé dans des situations bien cocasse, avec Rose et le reste de sa bande. Des situations réelles. Mais rien n'avait ainsi perturbé le brun. Parce qu'il s'était toujours donné un mot d'ordre. Ne pas se laisser atteindre. C'est pour ça, que des années durant, il n'avait jamais souhaité s'attacher. Passer de fille, en fille, lui évitait cette douleur d'un jour pouvoir souffrir d'une perte. Car même pour la perte de sa tante, Adrian n'avait pas versé une seule larme. Et sa tante, il l'aimait. De toute sa famille, s'en était pour lui, la membre dont il était proche. Mais aucune larme n'avait coulé. Bien loin des larmes qui s'enchaînaient aujourd'hui sur ses joues. Mais les sentiments qu'il éprouvait pour Rose, était bien différent de ce pour sa tante. Pour elle, c'était le véritable amour. Et il n'osait imaginer s'il devait la perdre pour de vrai. Il se rappelait très bien comme son cœur avait bondi dans sa poitrine lorsqu'il avait vu la brune prendre une balle, juste sous ses yeux. Mais dans cette situation là, Adrian avait été présent pour lui sauver la vie. Que se passerait-il lorsque ni lui, ni Lissa serait là ? Parce que mine de rien, Rose était assez casse coup pour avoir perdue la vie déjà à deux reprises dans sa vie. Ce n'était pas rien, à son âge.

Dans ses bras, nez enfoui dans son cou, le moroï commence à se calmer. Sa douleur s'apaise peu à peu, mais il possède toujours ce besoin de se laver de la crasse de ce mauvais rêve. Après, peut-être qu'il pourra oublier. Peut-être. Il se redresse avec cette proposition, quelque peu indécente, bien que sans la moindre idée derrière la tête. Juste le besoin de sentir son corps contre le sien, prêt d'elle, s'assurant ainsi de la véracité de la réalité. Si elle s'éloigne, alors il replongera, cette peur paralysant de nouveau son corps. Si la dhampir semble peser le pour, et le contre de cette idée, le choix s'avère être le même que le sien. Une douche leur fera du bien.

Dans la salle de bain, porte verrouillée derrière eux, son t-shirt retrouve bien vite le sol, alors qu'il semble encore loin dans ses pensées. Il s'en détache peu à peu, de sentir Rose près de lui. Son parfum, sa chaleur, ses mains. Toutes ces petites choses ramènent le moroï à lui, jusqu'à ce qu'elle se colle contre lui. « Tu en peux pas m'abandonner. Promets-moi. Promets-moi de ne jamais m'abandonner. » Il se fichait, de savoir avec qui elle finirait sa vie. Du temps qu'il pouvait toujours avoir sa dose de Rose Hathaway au quotidien. Mais, il ce rêve – ce cauchemar – il était possible à ses yeux qu'il se réalise un jour – alors même que Rose était une gardienne qui devait chaque jour, se mettre en danger pour sauver leur reine. Le survêtement qui lui servait de bas de pantalon ne tarde pas à rejoindre lui aussi le sol, et Adrian se retrouve nu comme un ver. Il s'en fiche. Il n'a jamais été gêné de sa nudité. Et ce soir, c'est bien la dernière chose qui le préoccupe. Au contraire, en temps normal, il aurait été ravi que Rose puisse le contempler dans une telle tenue, histoire de voir ce qu'elle ratait. Mais ce soir, ça lui importe peu. Son regard tombe sur elle. Et depuis qu'elle est rentrée en trombe dans sa chambre, il l'observe pour la première fois – là où jusque là, seule sa présence avait de l'importance. Et pour cause, il n'avait même pas pris compte de sa tenue plus que légère, qui ne la rend que plus agréable au regard. Mais une fois encore, aucune pensée déplacée ne passe. Il se contente d'observer la jeune femme. De la trouver plus belle que jamais. Ses doigts, fins et élancés glissent sur la joue de la jeune femme pour venir essayer ces larmes d'un geste délicat. « Ne pleures pas pour moi. » Même si cela ne rendait sa peau que plus douce encore. « Je t'attends sous la douche. » Derrière caresse du pouce, et il se retourne, lui laissant un infime temps d'intimité pour se dévêtir d'elle-même. Se glissant dans la cabine, il allume le jet, d'abord gelé, qui s'échauffe bien vite, créant une vapeur d'eau dans la pièce. « L'eau est chaude, c'est quand tu veux. » Il reste de dos, lui laissant le temps qu'elle souhaite pour se décider. Il ne serait comment la remercier pour tout ce qu'elle fait pour lui.

Adrian est là, sans être là. Son réveil c'était trouvé être très douloureux. Sans compter que pour lui, rêve et réalité font, en grande majorité, qu'un. Sauf qu'en temps normal, c'est lui qui les gère. C'est lui qui décide du lieu, des personnes, et de ce qui se passe là-bas. C'était son truc à lui. Mais là, pour la première fois, il s'était laissé avoir. Il s'était laissé prendre par ces propres tourments, ces propres songes. Et ça n'avait pas été très beau à voir. A vrai dire, ce genre de cauchemars avait déboulé dans sa vie depuis qu'il l'avait vu sombrer sous ces yeux, lorsqu'elle s'était pris cette balle, alors qu'elle ne désirait que protéger Lissa. Avoir la dhampir sous ces yeux, la voir en train de mourir l'avait perturbé, lui qui n'avait eu de cesse de l'imaginer comme invincible, ressortant de tous ces combats plus fortes encore. Depuis ce jour, cette image c'était imprimé dans sa mémoire, et n'avait de cesse de revenir le hanter au moment les plus inopportuns. Chaque fois, il s'efforçait de penser à des images, des souvenirs avec la brune, bien plus glorieux et joyeux. Comme les moments passés ensemble lorsque Dimitri était aux abonnés absents, leur rencontre.. Ca avait toujours eu l'effet de rebooster son ego, de remettre son sourire d'aplomb. Mais aujourd'hui, y'avait rien à faire. Même la présence de Rose à ces côtés, belle et bien vivante n'arrivait pas pas à lui rendre son sourire perdu. Quelque chose s'était brisé en lui aujourd'hui. Son âme enfantine, qui lui permettait de toujours relativisé, voir les choses du bon côté. A travers ce cauchemar, il s'était rendu compte qu'il ne pouvait plus vivre dans ce monde idéaliste. Il n'avait d'autre choix que de grandir pour de bon, et faire face à un monde dur, cruel.

Sous la douche, l'eau chaude, presque brûlante, lui permet de sortir un minimum de cette sorte de trans dans laquelle il était entré. Il se rend compte que la présence de Rose, avec lui, auprès de lui, n'est pas éphémère. Que la dhampir est bien là, toute proche. Bientôt, elle entre sous la douche, passe ses bras autour de lui, fidèle à sa demande. Et ce doux contact est un véritable choc pour lui. Ca lui permet de reprendre peu à peu conscience de la chose, de la situation dans laquelle il se trouve. Une situation pour le moins compromettante. Qu'il n'aurait jamais du demander. Et que Rose n'aurait pas du accepter non plus. La brune s'avérait être en couple avec le plus grand rival qu'il possédait. Sans compter que la dernière fois qu'ils s'étaient quitté, c'était après une nouvelle prise de tête légendaire comme ils en avaient beaucoup tous les deux. A croire qu'ils ne pouvaient pas passé une journée normal. Ou ils se tapaient dessus, ou ils se trouvaient dans une situation des plus compromettante.

Mais alors qu'il aurait dû la repousser, lui faire comprendre qu'il n'était pas admissible de faire ça, il fallait qu'il se rende à l'évidence. Il était heureux de la savoir là. Sa présence lui faisait du bien, la rassurer. Pour la première fois depuis le début de la soirée, il était bien, apaisé. « Reste avec moi aujourd'hui » Il souffle à peine ces mots. Il ignore même si sa voix était assez forte pour que Rose l'entende. Mais il s'imagine déjà la réponse négative qu'elle va lui apporter. Pourquoi resterait-elle ? Son coeur bat pour un autre. Sans compter que son devoir l'appel sans doute ailleurs. Ces raisonnements arrivés toujours au même point. Pour une raison ou pour une autre, Rose finissait toujours par le délaisser pour rendre visite à quelqu'un d'autre. Mais pour une fois, elle semblait être là pour lui, à lui accorder toute son attention. Alors peut-être que pour une fois, il pouvait tricher un peu, jouer de ces charmes pour la pousser à rester, la convaincre. Alors il se retourne, pour croiser son regard. Avec la réflexion que c'est bien la première fille avec qui il se retrouve nu, dans une douche, et envers qui il ne possède aucune mauvaise pensée. Bien sûre, il a déjà fantasmer sur le corps de la dhampir par le passé, cela va de soi. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle pourrait être vêtu d'un costume, ou nue, comme l'état actuel des choses, que cela n'aurait pas la moindre importance.  « Reste » C'était presque une supplique, mais cette fois-ci admit les yeux dans les yeux. Ils avaient des choses à se dire, des tas de choses. D'une pression délicate, il caresse ces cheveux trempe, jusqu'à ce que la pulpe de ces doigts entre en contact avec la peau du dos de la jeune femme. « Oh, Rose.. Je me damnerais pour toi, pourquoi ne le vois-tu pas ? » Il n'a pas réellement conscience de révéler ces paroles à voix haute, plutôt que dans sa tête.  « Pourquoi as-tu volé mon coeur pour le piétiner ainsi ? » Son coeur souffre, et encore perdu entre rêve et réalité, sa tête ne réfléchit pas correctement. D'un coup, il pousse la dhampir contre la parois de la douche, bloquant son corps contre le sien. Il ne cherche pas à lui faire de mal, bien au contraire. Il ne souhaite qu'une chose, la voir réagir.  « Est-ce que ton dieu dhampir réussi à faire s'affoler ton coeur ainsi ? Est-ce qu'il réussi à te rendre aussi fébrile ? » Il pose une main à plat sur la parois pour l'empêcher de se dérober alors que l'autre réside toujours dans le dos de la jeune femme.  « Cesse de te mentir à toi-même. Ouvre les yeux. »

Le cœur d’Adrian s'étiole un peu plus chaque jour. Triste ironie, lorsque l'on pense au goujat qu'il était fût un temps. Mais, la vérité c'était que depuis sa rencontre avec Rose, et toute la petite troupe qui s’agglutiner autour de la dhampir, il n'était plus le même. Ce n'était pas tant qu'il était devenu plus mature, même si cela jouait sans doute un peu dans la balance. Non, la modification chez lui s'était opéré lors qu’à force de fréquenter la brune, il s'était mis à éprouver des sentiments pour elle. Et de véritables sentiments pour elle. Pas juste un envie soudaine et perverse de pouvoir obtenir son corps, et en faire un usage sauvage. Non, aujourd'hui lorsqu'il pense à la jeune femme, son seul désire est de pouvoir la prendre dans ses bras, pouvoir se réveiller à ses côtés, qu'importe qu'ils n'aient fait que dormir. Ses intentions quand a la jeune femme s'avère plus que louable. Mais Rose n'a jamais désirer lui laisser une véritable chance. Dès leur première rencontre, où il n'était encore qu'un morveux sous la jupon de sa tante la reine, il s'était vu décrédibilisé. Et bien qu'il avait évolué depuis lors, Rose ne l'avait quand à elle, pas vu changer.  

Mais ce soir, elle était là, sous cette douche avec lui. Et elle ne pouvait plus prétendre l'indifférence. Si elle s'était empressé de débouler à la première occasion, c'est qu'elle lui accordait quand même une grosse importance. Plus que Dimitri ? Il n'en savait rien, mais c'était là un doux rêve qu'il chérissait. « Jolie p'tite dhampire » Il déraille, ainsi à parler sans penser être perçue. Il ne s'attend pas à ce qu'elle lui réponde quelque chose. S'il parle, c'est pour lui, pas pour elle. Parce que la folie est toute proche. Elle est là, à getter le moindre signe de faiblesse, fatale. Et depuis son réveil, il n'existe pas pire loque humain que lui. Et sans comprendre son action, il se retrouve à la maintenir de force contre le mur. Mais elle ne cherche pas à s'échapper. Car elle aurait pu le foutre de cul sans mal. Son regard s'éveille lorsque son interlocutrice prend la parole à son tour, après un long silence déplaisant. Nous. Nous. Il n'avait jamais été question d'un nous, jusqu'alors. Rose s'était toujours efforcé de les voir comme deux personnes bien distincts, qui n'avaient pas le même avenir. C'était bien la première fois qu'elle évoquait ce nous. Mais il n'a pas envie de s'emballer. La chute ne tardera sans doute pas à arriver. « Arr... » C'est lui qui a lancé cette discussion, il en a conscience, mais il n'est pas prêt pour ça. Pas prêt à prendre un nouveau râteau après la nuit qu'il venait de passer. Mais il n'a d'autre choix que de se taire. Elle lui impose le silence, et il obéit, sans poser de question. Il est trop fatigué pour lutter de toute façon. Et comme il l'avait imaginé, sa réponse n'est qu'un peu plus fatale pour son cœur. Pour peu, il aurait presque pu sentir ce dernier se rompre à chaque mot. Elle l'appréciait. Apprécier. Certains se seraient contenter de ça, pas lui. Il ne voulait pas qu'elle l'apprécie. Il voulait qu'elle l'aime, comme lui pouvait entendre son cœur battre pour elle. Son regard s'éteint, ses paupières s'abaissent pour ne pas laisser apparaître sa détresse. Et Rose ne l'achève qu'un peu plus, à laisser ses lèvres courir sur sa mâchoire, au coin de ses lèvres. A peine un effleurement, mais tellement plus. Et son putain de cœur, qui le trahi à battre à tout rompre à son simple contact. Il aimerait pouvoir lui cacher l'effet qu'elle lui fait. Mais c'est bien impossible. Il est fou de cette femme. Accro. Et puis. Y'a ses mots, lorsqu'elle parle à nouveau. Son cœur rate un battement. Non. Il a sans doute mal entendu. Le fruit de son imagination qui n'espérait plus qu'elle prononce ses mots. Il ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Il n'a plus rien à dire. Il est là, comme un idiot. « Non. » Il secoue la tête, chasse ses mots. « Tais-toi. Ne fais pas ça. » Il se recule, met de la distance entre eux, afin ne plus avoir le moindre contact avec elle. Ca fait trop mal. « Tu ne le penses pas. Tu ne dis ça que par pitié. Pour ce pauvre Adrian qui ne va pas bien. » Ca ne peut être que ça. Pourquoi aurait-elle changé d'avis maintenant sinon, après tous ces efforts vains ? Son dos glisse contre la paroi de cette douche plus spacieuse et luxueuse que certaines chambres de femmes de ménage. Il cache son visage derrière ses mains. Il va se réveiller. Ce n'est qu'un cauchemar de plus. Il ne s'était en vérité jamais réveiller. Ce n'était pas possible.

Le temps c'est comme suspendu. Y'a quelques jours, Rose l'envoyait balader une fois de plus. Y'a quelques heures, il ne rêvait plus que d'elle, de sa peau, de son corps, de son cœur. Il n'avait plus qu'un souhait, qu'elle lui offre son cœur. Doux rêve qui s'était transformer au milieu de la nuit en un cauchemar, le pire de tous. Maintenant ? Il n'était plus sûr de rien. Est-ce qu'il s'était réveillé ? Ou est-ce qu'il était encore perdu dans ces songes ? Ce n'était pas possible. Rose ne pouvait pas juste lui balancer ça comme ça, après toutes les chances qu'il lui avait laissé. Plus d'une fois, il avait tenté de lui faire ouvrir les yeux, de lui faire comprendre qu'elle n'était plus heureuse avec Dimitri, qu'il ne pouvait plus lui apporter ce qu'elle désirait. Un jour, peut-être l'a-t-il pu. Mais plus aujourd'hui, plus depuis son miraculeux retour à la vie. C'était une histoire qui l'avait changé, comme Adrian ne pouvait pas l'imaginer. Mais ça le rendait aussi incapable de rendre une femme heureuse. Adrian n'avait eu de cesse de lui répéter. Lui, il aurait pu lui offrir tellement plus. Pourquoi fallait-il qu'elle s'en rende compte ce soir ? Le soir où il était au fond du trou. Qu'une seule explication s'offrait à lui. Elle le prenait en pitié. Cela ne pouvait être que ça. Mais au fond, c'est juste lui. Voilà qu'elle lui offre l'unique chose qu'il a toujours désiré. Elle. Son cœur. Mais c'est aussi l'unique chose en mesure de le détruire. Alors, au fond, il essaie juste de se protéger. Il rejette l'idée, pour les conséquences que cela pourrait avoir sur lui.

En boule dans un coin, il se cache. S'il pouvait disparaître de la surface de la terre, il n'hésiterait pas une seconde. Il n'est pas préparer à ça. Cette révélation.. ce n'est pas le bon soir pour ça. Son cœur n'est pas capable d'en accepter plus. Il tente de faire la sourde oreille. Mais c'est impossible. Pas face à ses mots.. Ses mots qui lui font autant de bien, que de mal. Il n'arrive pas à suivre les battements de son cœur. Va-t-il exploser de joie, ou est-il en train de se tordre de douleur ? « Rose.. » Il n'a pas les mots. Il n'a jamais manqué de laisser des allusions à la brune, mais exprimer ce qu'il exprimait réellement, ça avait toujours été un peu compliqué. Comment lui dire, en quelques mots, qu'un geste, un simple geste de trop de sa part, et il pourrait ne jamais s'en remettre ? Et malgré ça malgré le risque, il la laisse mener la danse. Il se lève, comme une poupée de chiffon, et se laisse porter. Jusque dans la chambre, où il reste planté une fois qu'elle le relâche. Il la regarde, sans la regarder. Son regard est flou, vague, lointain. Ce n'est pas elle qu'il regarde, mais à l'intérieur d'elle, comme s'il pouvait saisir quelque chose qui jusque là, lui aurait échappé. Il n'écoute même plus ce qu'elle demande. Ne s’aperçoit qu'à peine qu'elle enfile l'un de ces t-shirt. Tout ça lui passe au dessus de la tête. C'est comme s'il était là, mais pas vraiment. Son corps est bien là, planter dans sa chambre, mais sa tête est à des lustres de là.

Étonnement, c'est que lorsque son lit craque, synonyme d'un poids sur celui-ci, qu'il réapparaît un peu plus encrer dans le monde. Son regard se pose sur la dhampir juste vêtu d'un de ses t-shirt, qui semble l'attendre. Il reste encore une minute planté au milieu de la pièce avant de faire un pas hésitant, puis deux, et de prendre place à côté d'elle. Il ne sait pas quoi faire, quoi penser de ça. Il reste assis sur le bord du lit. « Pourquoi.. Pourquoi tu fais ça ? » Si cela n'avait été qu'un rêve, Il ne serait pas resté planté là, il se serait jeté sur elle, l'aurait plaqué au lit, lui aurait ôté ce t-shirt volé, et lui aurait fait l'amour comme il rêve de lui faire l'amour depuis leur première rencontre. Mais voilà, ce n'est pas un rêve, et une telle réaction aurait bien des conséquences autres. « Si tu savais comme c'est dur d'être là, à côté de toi.. et de ne pas te toucher, de ne pas te prendre contre moi. De ne pas t'embrasser. » Son regard se pose sur les lèvres de la dhampir, mais il résiste à l'envie qui le tiraille. « Ne fais pas ça. Ne fais pas ça si tu n'as pas l'intention de revenir demain. Ne fais pas ça, si dans deux heures, tu comptes rejoindre ton dhampir. » Il est perdu, il ne sait même plus ce que sa voix laisse entendre, de la colère, de la frustration. De.. l'espoir ?

Son cœur s'affole, s'anime, menace de lâcher. Peur. Angoisse. Excitation. Joie. Terreur. Toutes ses émotions se mélange en lui. Il n'a jamais rien désiré aussi fort que Rose, il n'a jamais aimé une autre femme qu'elle. Et ceux, depuis leur rencontre. Il n'a jamais été très sérieux dans ses arguments, mais c'était sa manière à lui de se protéger du revers, ainsi, lorsqu'elle le remettait à sa place, c'était toujours moins douloureux que s'il avait fallu qu'elle refuse ses avances les yeux dans les yeux. Et là, elle lui offrait ce pour quoi il s'était battu depuis leur rencontre.. Pour qu'elle l'ouvre les yeux sur sa relation avec Dimitri, pour qu'elle comprenne que personne ne l'aimera comme lui, l'aime. Mais cette peur qui ne le lâche pas refuse de le laisser en paix quelques heures, le laisser profiter de ce laps de bonheur. De crainte que s'il se laisse aller à l'amour, la chute devienne terrible et irrattrapable le lendemain. A croire que rien n'est jamais fait pour le satisfaire jusqu'au bout. Qu'une petite étincelle brûlera toujours pour qu'il ne puisse jamais être au comble de son bonheur. Fichu cœur qui essaie de se protéger.  Mais peu à peu, il commence à se rendre compte que Rose est là, avec lui. Elle n'a pas tourné les talon, afin de le laisser seul dans sa démence, alors qu'elle aurait eu tous les droits de le faire. Elle est restée auprès de lui, l'a aidé à se sortir de cette torpeur jusqu'à ce qu'il se réveille enfin. Du moins, réveillé est encore un bien grand mot, mais il commence peu à peu à reprendre pied dans la réalité. Il s'est enfin rendu compte que son cauchemar n'était que ça. Irréel. Que la brune allait bien, qu'elle était toujours vivante. Qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Elle s'était même laisser embarquer avec lui sous le jet d'eau, ce qui n'était pas très déontologique. Mais si c'tait ce qui avait fini par lui faire admettre la vérité à son sujet - pour peu que ça aussi fût réel - il n'allait pas s'en plaindre. « Et que feras-tu lorsque les gens te regarderont de travers ? » Parce que c'est ce qu'ils allaient faire. Les gens ne pouvaient laisser personne tranquille. Alors quand il allait apprendre que la gardienne attitrée de la reine couchée avec le meilleur ami de celle-ci au détriment de sa relation avec le célèbre dhampir Dimitri Belikov, revenu d'entre les morts - si l'on pouvait dire ça - et ainsi le faisait cocu. Oui, c'était assuré qu'elle n'allait pas échapper aux regards de biais, et aux bruits de couloir. Lui ? Il s'en fichait un peu, il était habitué à vrai dire. Toutes sa vie les gens avaient parlé sans que ça ne l'atteigne. « Seras-tu capable d'en faire abstraction ? Réfléchis-y tant qu'il n'est pas encore trop tard. Tu peux encore changer d'avis. » Il n'était pas sûr que son cœur survivrait à une telle déception, mais valait encore mieux maintenant, que lorsqu'il aura bien imprimé qu'elle s'offrait à lui, qu'elle lui donnait son cœur. Il attrape le boxer qu'elle lui tend, sans le moindre commentaire. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il n'aurait pas pris cette peine. Il avait l'habitude de dormir aussi nu qu'un ver. Mais il n'avait pas l'intention d'ajouter à son malaise, alors d'un geste, il retire la serviette autour de sa taille - qui laisse traîner au sol, se fichant bien de ce qui adviendra d'elle - et enfile le boxer avant de se laisser à nouveau entraîner sous les draps. Il la laisse, toujours en silence, s'allonger contre lui dans ses bras. Lui d'habitude si loquace, n'a aujourd'hui pas grand chose à dire. La peur de brisé ce moment, sans doute. « Oui, je crois. Mais il va me falloir un moment pour réaliser.. Laisse moi du temps, c'est un sacré changement .. » Et c'est le moins qu'on puisse dire. Il pousse un soupire, cette soirée a pris un tour bien étrange et bien loin de ce qu'il aurait pu imaginer. Nouveau soupire, et sans prévenir, il se tourne, pour se retrouver au-dessus du corps de Rose. Il n'est pas certain de ce qu'il essaie de faire. Il n'a pas envie de la brusquer mais au fond de lui, il a besoin de certitude. Ses lèvres se plaquent sur ceux de la jeune femme, son corps se presse contre le sien, et il l'embrasse avec une fougue qu'il n'a jamais connu. Il l'a veut. Pas au sens propre du terme. Oh, si c'est bien réel, un jour il l'aura, son corps, car il en crève bien d'envie. Mais ce soir, ce n'est pas ce qu'il veut. C'est à la fois un besoin primitif, de se retrouver dans les bras de celle qui l'aime, et à la fois un test, à savoir si elle est vraiment là, pour lui, à lui, ou si elle finira par se désister en prenant compte de ce qu'elle est en train de faire.